jeudi 15 juillet 2010

NUMBER SEVEN ou la coexistence des œuvres par la perspective.

L'exposition NUMBER SEVEN (commissariat label hypothèse), réunit sept expositions monographiques au sein de la Sébastien Ricou Gallery à Bruxelles. Cette exposition fut induite par les caractéristiques spatiales de la galerie, six salles en enfilade présentant diverses formes d'ouverture : vitrines, arcade en plein cintre, doubles seuils, seuils simples, baies percées à mi-hauteur, marches, circulation en U…
Cet espace a été abordé dans son ensemble, en favorisant le parti pris de jouer avec la diversité des percées et des transitions. Ainsi par des jeux de perspectives, les sept univers se lient les uns et les autres.
Cette exposition n'obéit pas à une thématique ou à un regroupement d'artistes par des formes ou des pratiques. Chacun des sept artistes est convoqué par le label hypothèse pour des raisons électives et exclusives. Chacun des artistes a un espace propre et ne dialogue avec les œuvres voisines que par des effets de champs et contre-champs, l’exposition proposant de déjouer les dérives de fusion ou de dialogues linéaires entre les œuvres.
La première œuvre présentée réside dans le titre même de l’exposition, NUMBER SEVEN, qui apparaît en lettres adhésives découpées dans du polymère et posées sur la vitre. On découvre le show title #128 de Stefan Brüggemann depuis la rue. Il a été choisi dans la liste des 728 « show titles » que propose ce dernier depuis le site www.showtitles.com. Tous peuvent être activés pour baptiser une exposition. Une seule contrainte : utiliser la police ARIAL BLACK.
Depuis cette vitrine, une perspective se dessine entre les trois premières salles, de la Roue en 37 parpaings de Vincent Ganivet à PM055 de Stéphane Dafflon dans l’angle de la troisième salle. Cette peinture acrylique a été créée par l’artiste à partir des plans de la Sébastien Ricou Gallery, en considérant avec détail et précision le volume et la disposition du lieu. De loin, le visiteur aperçoit un angle rendu dynamique par un marquage à la peinture acrylique de l’arrête verticale et de la ligne du sol, d’un côté rouge, d’un côté vert. Un jeu cinétique est suscité par un trait légèrement croissant vers le coin inférieur et par le déplacement du visiteur.
Verticales, Fragments pour une architecture nouvelle et Sans titre de John Cornu sont dispersées de part et d'autre de la seconde salle. L’ensemble projette le spectateur dans des scènes post-incendie, de dégâts des eaux, de chaos... Autant de narrations catastrophistes où le visiteur investit des hypothèses sur les gestes instaurateurs, sur le comment de l’œuvre. Ces tasseaux de bois noircis et calcinés ne sont en fait qu’un simulacre ou peinture et sculpture se métissent ; les fragments fracassés de béton armé semblent eux se décomposer sur des crochets de boucher pour finir à même le sol. En bout de course un mur ruisselant de vin rouge propose lui aussi une forme de chute et de déchéance poétique aussi orgiaque que minimale.
Carole Rivalin a, quant à elle, disposé deux palissades de bois en courbe et en accordéon qui enserrent le public lors de son passage. Malgré l’aspect statique du matériau et le monochrome blanc, l’effet cinétique est garanti. Le parcours de Zig Zag est une transition entre inspiration et expiration à l’intérieur d’une alvéole. Avant de s’y introduire, on peut apercevoir une série de trois œuvres sur papier de Stef Heidhues. Chaque dessin est comme une fenêtre sur une architecture tubulaire.
Et le visiteur est invité à entrer dans la salle voisine obstruée en partie par des cimaises blanches qui ne tiennent qu’en suspension. Un seuil lui permet de parcourir deux couloirs obliques éclairés à chaque angle par une ampoule suspendue elle-aussi. Au bout de ce couloir, se trouve la seconde vitrine de la galerie mais une toile sur la gauche et un angle blanc en bois nous empêchent de se projeter dehors et de s'égarer vers l’extérieur. Avec ces deux autres pièces, Romain Boulay fait habilement tourner les talons au public pour pratiquer de nouveau la verticale nomade 0 et à prendre à revers l’exposition NUMBER SEVEN.


Charline GUIBERT, 27 Juin 2010.



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